Berggasse 19

Assis dans la salle d'attente

De Freud au premier étage

De la Berggasse dix-neuf

J'attends

J'entends

Les murs me racontant

Le temps

Des grands explorateurs savants

De l'inconscient

J'écoute

Les murmures

Qui sourdent encore

A tort

A travers

La double porte capitonnée

Qui absorba à jamais

L'inavouable

Qui a résonné

Déraisonnable

Ici

Entre les murs épais

Les secrets feutrés

Surgis pour aussitôt

S'enfouir

S'enfuir

Dans l'aire du tant

Freud devenu musée

Fossilisé rangé dans la poussière

Des petites histoires

Dont on fait grand cas

Et assis, là,

Dans la salle d'attente

Je regarde autour de moi

Les fesses des femmes seules

Venues là on ne sait pourquoi

Passant d'un air pénétré

Frôlant les murs

D'un regard souvent entendu

Je songe

A la gardienne du musée

Dans la pièce à côté

A donner des envies

De l'allonger sur le divan

En fumant mentalement

Le cigare à la main

Phallique prolongation

De mon esprit

Arabesque qui s'élève

Dans l'air d'hiver

Comme jadis la fumée épaisse
Etouffant le feu de l'éveil
De la totalité primale
De l'humanité.